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Dépression

Le fait de se sentir triste, d’être « déprimé », d’avoir des « coups de blues » ne veut pas forcément dire que l’on souffre de dépression. Les moments de questionnement font partie de la vie. Au cours de notre vie, chacun de nous expérimentera la tristesse, le découragement…

La dépression engendre une modification durable de l’humeur ainsi qu’un ralentissement moteur et cérébral. La personne souffrant de ce trouble est triste tous les jours et perd son tonus habituel, elle n’a plus envie de rien, peine à effectuer ses activités quotidiennes et y prend moins de plaisir ou même plus du tout.

Les gens peuvent devenir déprimés pour différentes raisons :

  • Un événement de vie majeur qui implique une perte : décès d’un être cher, divorce, perte d’emploi…

  • Un manque de contact social

  • Un conflit relationnel : conjugal, familial ou professionnel

  • Une accumulation de stress

Parfois, il n’y a aucune raison objective à la dépression.

Le patient voit le monde à travers un filtre biaisé et il interprète tout de manière négative :

  • Vision négative de l’avenir : qui est vu de manière pessimiste ou décevante (« il n’y a pas d’espoir »)

  • Vision négative de soi : la personne se dévalorise (« je suis nul », « ma vie ne sert à rien »)

  • Vision négative du monde : la personne souligne les aspect négatifs, et perçoit tout comme décevant (« le monde est pourri, c’est injuste… »)

Les émotions ressenties sont :

  • tristesse, désespoir, découragement

  • manque de motivation

  • plus de plaisir ni d’envie

  • émoussement affectif

  • anxiété

  • problèmes physiologiques : troubles du sommeil, manque d’énergie et changement de la chimie du cerveau

 

Doucement le patient abaisse son niveau d’activité et s’isole. Le cercle vicieux se referme, le patient se culpabilise de son manque d’activité et déprime encore plus.

Les thérapies cognitives et comportementales vont avoir pour principe de lever le filtre biaisé, d’aider la personne en souffrance à rectifier ses erreurs cognitives, et à assouplir ses schémas et postulats.

Le psy TCC aide le patient à se recentrer sur les perceptions et sensations positives qui sont généralement ignorées en phase dépressive.

a/ La première phase, cognitive, consiste à aider la personne à reconsidérer ses positions et sa vision négative des choses. Pour soigner la dépression, le psy TCC aide la personne à différencier ce qui est de l’ordre de la tristesse fondée, de ce qui est de l’ordre des erreurs cognitives, douloureuses, mais infondées. On note ainsi parmi les erreurs cognitives les plus fréquentes:

  1. Inférence arbitraire : consiste à conclure à un lien de cause à effet sans preuve valable. Ex: « Personne ne m’a appelé aujourd’hui, c’est que je suis quelqu’un qui ne vaut rien « 

  2. Abstraction Sélective: lorsque la personne considère comme significatif un détail qui ne l’est pas, et néglige la globalité. Ex: crever un pneu et avoir une promotion professionnelle le même jour, le déprimé ne tient compte que de son pneu crevé.

  3. Surgénéralisation : à partir d ’un incident objectivement négatif, la personne généralise à toutes les situations ou au futur. Ex: ma copine m’a plaqué, je ne trouverai jamais une autre copine.

  4. Minimiser le bien ou maximiser le mal : ex: J’ai eu une promotion, mais c’est vraiment sans intérêt (minimisation) mais j’ai perdu mon stylo, et ça c’est la catastrophe (maximisation)

  5. Personnaliser: situation où la personne s’attribue à tort la responsabilité de quelque chose de négatif ou bien se victimise. Ex: Il n’y a qu’à moi que ça arrive!

  6. Pensée dichotomique : la personne ne voit que deux possibilités: ou bien ce qu’elle voulait mais qu’elle n’a pas, ou bien la catastrophe. EX: si je rate mon concours ma vie est fichue.

  7. Catastropher : Tout ce qui arrive est vécu comme un cataclysme. La personne déprimée amplifie la tristesse ressentie.

Ce ne sont que quelques-unes des distorsions cognitives qui font souffrir, qu’il faut repérer et guérir par une approche cognitiviste. En rectifiant les erreurs cognitives on guérit la dépression.

Mais que faire face à une situation objectivement difficile? Les thérapies cognitives et comportementales proposent avant tout de mettre à l’épreuve la véracité de ces schémas et erreurs cognitives et de s’atteler à les traiter. Tout le problème, dans le traitement de la dépression est de faire la part de ce qui est légitime dans les schémas et de ce qui est exagéré. Le rôle du psychothérapeute TCC sera d’accompagner le sujet déprimé dans sa démarche de recherche de solution. Le travail TCC sera d’abord motivationnel, puis consistera à aider le patient déprimé à gérer son émotion et à rebâtir quelque chose malgré les difficultés rencontrées.

Enfin, un autre axe de traitement de la dépression consistera à mettre en évidence ce qui, dans une situation donnée, met en résonance chez le patient des zones ou des valeurs sensibles. Il s’agit alors d’aider le patient à prendre conscience que certains événements réveillent en lui une souffrance qui n’est pas liée à l’événement en lui même, mais à la signification que le patient lui attribue. A partir de là, un travail de désensibilisation est fait, afin que le même événement ne puisse pas à chaque fois, générer cette souffrance.

b/ La deuxième étape du traitement TCC d’une dépression, consiste à aider le patient déprimé à mettre en pratique, de façon concrète, des solutions comportementales visant plusieurs objectifs:

  • constater que les anticipations négatives ne sont pas systématiques

  • constater que les conséquences sont moins graves qu’anticipées

  • se focaliser sur les aspects positifs d’une situations, si minimes soient-ils

  • expérimenter des solutions susceptibles de solutionner les problèmes à l’origine du problème

  • réactiver le désir d’agir et de se battre

  • apprendre à gérer les émotions négatives de la dépression telles que tristesse, anxiété…

c/ Pour guérir une dépression les deux phases s’intriquent, le psychiatre TCC utilisant ces deux versants pour soigner le patient déprimé, alternativement, selon l’approche qui correspond le mieux à à un moment donné.

Lectures conseillées: "Faire face à la dépression" Dr Charles Cungi, Éditions Retz

                                      "Les dépressions, comment s'en sortir?" Dr Christine Mirabel-Saron, Édition Odile Jacob

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